Jeanson suit le rythme de marche effréné de ses parents, mais ce qui l’intéresse, c’est la poésie, la musique, le dessin qu’il entreprend chaque fois qu’il s’ennuie. Les années passent, les voitures défilent, ses parents se séparent et le laissent seul dans le foyer familial au début de la grande adolescence. C’est la première fois qu’il décide pour lui : fini le sport, les maths et la réussite, place aux plaisirs interdits, aux arts et à la lose. Il change de bande de copains avec qui il formera un groupe de non-artistes. Sans se définir, sans se savoir, la bande de Meaux va réinventer son monde grâce à une pratique radicale de la performance. Un art très fluxussien, au plus proche de leur vie. Tout est prétexte à rire, à filmer, à photographier. Ils sèchent les cours pour dessiner, écrire, jouer avec la vie. Ensemble, ils découvrent comment on résiste aux pressions parentales et sociétales combinées par le jeu de l’art.
De rencontre en rencontre, Jeanson intégrera les Beaux Arts de Paris où il deviendra l’assistant d’un premier père spirituel : Tadashi Kawamata. Toujours porté par cet esprit mutin, il enverra très vite balader l’art à la parisienne qu’il trouve morose et sclérosé. Pour lui, l’art est un jeu, l’art c’est la vie. Il veut vivre en jouant, car jouer c’est vivre alors que s’ennuyer, faire selon les injonctions, c’est mourir. Son échange universitaire sera un nouveau moment déterminant dans son éducation artistique. Il découvre en Amérique du Sud, à Santiago au Chili, des étudiants en arts très engagés politiquement. Il s’inspirera de ce qu’il a vu là-bas pour la suite de son parcours. Faire de l’art, se jouer des règles, c’est Résister. De retour à Paris, il fonde deux collectifs, toujours au plus près de sa vie : le premier, Cosmos Merguez, avec une bande de copains de l’école, le second, pôle-fromage avec son amoureuse de l’époque. Tous ensemble, ils s’installeront en Bretagne où ils réalisent des projets dans les quartiers urbains et ruraux difficiles. Il travaillera avec eux pendant une dizaine d’années.
Jeanson n’a qu’une idée en tête, aider les populations vulnérabilisées en utilisant l’art comme un terrain de jeu : trouver un modèle économique et social qui permet de ne pas subir sa vie en se réappropriant les espaces que nous occupons mais qui nous habitent. Ne plus être relégués au second plan par une de société qui place sur le banc des condamnés tous ceux n’ayant ni les codes ni la culture pour grimper à l’étage du dessus. Par l’art, il peut tester les limites du monde de l’argent, de la bienséance, de notre rapport à l’espace public mais toujours avec bienveillance comme il l’a toujours fait avec ses ami.ies. Avec l’art, il croit que le monde peut changer de chemin, peut s’écologiser, peut briser les barrières des classes sociales. Art pirate, art open source, art démocratie. Tout le monde est artiste, l’art est un fragment de la société dont nous avons la charge collectivement. Tout le monde peut participer à façonner son environnement. Comme nous l’entendons dans le métro parisien : tous responsables. L’art, est pour lui comme ce bout de fromage qui pue, qu’on aime ou qu’on déteste, il ne nous laisse jamais indifférent.